Résumé de la thèse
La renommée de la perle de culture polynésienne a depuis longtemps traversé les frontières du pays. Ce secteur rapporte chaque année des milliards de francs Pacifique et représente la deuxième ressource économique de la Polynésie française. Cependant, depuis les années 90, les perliculteurs ont délaissé les matériaux naturels au profit d'une matière plus résistante : le plastique.
L'utilisation massive de plastiques, couplée à une gestion défaillante des déchets, a conduit peu à peu à l'amoncellement de quantités importantes de déchets dans les lagons perlicoles. En laboratoire, de précédentes études ont montré l'impact négatif des plastiques perlicoles sur les huîtres perlières, Pinctada margaritifera, et in fine sur les perles. Si aucune mesure n'est prise en conséquence, la perliculture pourrait bien précipiter sa propre chute.
Afin de déterminer les seuils de pollution de plastiques perlicoles néfastes pour les écosystèmes marins tropicaux, nous avons imaginé plusieurs approches. Les expériences réalisées prenaient en compte à la fois les contraintes chimiques, biologiques et physiques induites par la présence de plastiques dans le milieu marin. Ainsi, nous avons développé des approches toxicologiques sur des espèces tropicales dont certaines n'avaient jusqu'alors pas été étudiées dans cette thématique. Nous avons également réalisé des expérimentations en mésocosmes afin de suivre les modifications induites par l'augmentation des concentrations de plastiques sur le compartiment bactérien.
Enfin, nous avons évalué le potentiel de Pinctada margaritifera comme espèce bioindicatrice de l'état de contamination des lagons en microplastiques en suivant pendant plus de six mois 1 200 huîtres dans quatre atolls. L'ensemble de ces résultats nous a permis, dans un premier temps, de mettre en lumière les effets des plastiques sur des espèces tropicales peu étudiées ainsi que sur les bactéries marines, puis, dans un second temps, de proposer certaines de ces espèces comme des candidates bioindicatrices de la pollution plastique des milieux marins tropicaux.
Abstract
The fame of Polynesian cultured pearls has long crossed the country's borders. This sector generates billions of Pacific francs annually and represents the second-largest economic resource of French Polynesia. However, since the 1990s, pearl farmers have abandoned natural materials in favor of a more durable one: plastic.
The massive use of plastics, coupled with poor waste management, has gradually led to the accumulation of significant amounts of marine litter in the pearl farming lagoons. In the laboratory, previous studies have shown the negative impact of pearl farming plastics on pearl oysters, Pinctada margaritifera, and ultimately on the pearls. If no measures are taken, pearl farming may well bring about its own downfall.
To determine the harmful thresholds of pearl farming plastic pollution for tropical marine ecosystems, we developed several approaches. The experiments considered the chemical, biological, and physical constraints induced by the presence of plastics in the marine environment. Thus, we developed toxicological approaches on tropical species, some of which had not previously been studied in this context. We also conducted mesocosm experiments to track the changes induced by increasing plastic concentrations on the bacterial compartment.
Finally, we evaluated the potential of Pinctada margaritifera as a bioindicator species of microplastic contamination in lagoons by monitoring 1 200 oysters across four atolls over more than six months. These results allowed us, firstly, to highlight the effects of plastics on under-studied tropical species as well as on marine bacteria, and secondly, to propose some of these species as candidate bioindicators of plastic pollution in tropical marine environments.
Composition du jury
- M. Paco BUST AMENTE, professeur des universités - UMR LIENSs - La Rochelle Université, Rapporteur
- Mme Magalie BAUDRIMONT, professeure des universités - UMR EPOC - Université de Bordeaux, Rapporteure
- M.Serge ANDREFOUET, directeur de recherche -UMR Entropie - Université lie de France, Examinateur
- Mme Nabila GAERTNER-MAZOUNI, professeure des universités - UMR SeCoPol - Université de la Polynésie française, Examinatrice
- M. Fabien LOMBARD, maître de conférence - LOV - Institut des sciences de la Mer, Examinateur
- Mme Chantal COMPERE, directrice scientifique à l'IFREMER Bretagne, Co-directeur de thèse
- M. Denis SAULNIER, cadre de recherche - UMR SeCoPol - IFREMER CIP, Directeur de thèse